Dahomey

Si La Partition, en dépit de l’enthousiasme qu’il a soulevé, n’a obtenu « que » l’Ours d’argent au Festival de Berlin, c’est parce qu’il y avait face à lui Dahomey, film-événement incontournable à qui il était impossible de ne pas remettre un Ours d’or.

Pourtant, en dépit de son sujet dont on perçoit vite la portée historique, politique, philosophique, Dahomey n’est pas un film spectaculaire qui cherche à impressionner. Il affiche plutôt d’emblée sa modestie et son économie. Mais c’est un film qui trouve magistralement la façon de conter et d’accompagner un événement dont il restitue la portée et les inépuisables interrogations.

Matti Diop « documente » ici l’opération de restitution au Bénin par la France, en novembre 2021, de 26 œuvres d’art (sur 7 000 encore captives) qui avaient été pillées par les troupes coloniales françaises. En soi, les images des coulisses de cette opération sont précieuses, mais ce n’est évidemment pas tout.

Faisant parler en voix off la statue du roi Ghézo (magnifique et puissant texte en langue fon de l’écrivain haïtien Makenzy Orcel), Matti Diop fait de ces statues des individus à part entière, telles des âmes égarées en quête d’une identité que la décolonisation est censée leur restituer. Elle introduit ainsi des questionnements dont la portée va s’amplifiant, le film leur conférant peu à peu une saisissante et remarquable dimension.

Bébés bienvenus Lundi 16 septembre à 13h30