Fermer les yeux

C’est l’histoire d’une disparition. Ou plus précisément, de la quête, l’enquête qui la suit, bien des années plus tard. L’histoire du chemin sur la trace d’une personne mystérieusement disparue. Et l’on n’a pas envie d’en dire davantage parce qu’il est bien inutile – et bien dommage – de déflorer ce que ce film si délicat et attentif va déployer pour nous…

Victor Erice est indiscutablement le plus rare des cinéastes : en cinquante ans, depuis 1974 et la révélation en état de grâce de L’Esprit de la ruche, il a réalisé deux longs métrages – Le Sud et Le Songe de la lumière – et deux courts dans le cadre d’oeuvres collectives. Fermer les yeux est donc son quatrième long métrage et il a été accueilli, au Festival de Cannes, avec le même enthousiasme émerveillé que ses films précédents : Victor Erice est aussi – et surtout – un cinéaste précieux.

Véritable fresque intime, avançant doucement pour mieux nous permettre d’être avec ses personnages, d’écouter ce qui les traverse, ce qui les a traversés, de vivre leur cheminement et leurs sentiments, Fermer les yeux nous offre le cadeau d’une aventure humaine aussi simple qu’exceptionnelle dont les résonances au plus profond de nous semblent sans limite. Avec une patience et une attention – mais aussi une humanité, une finesse et une sensibilité – prodigieuses, Victor Erice laisse les vies intérieures s’exprimer, parvenant à nous surprendre sans chercher à nous impressionner pour atteindre une émotion absolument bouleversante.