La Mère de tous les mensonges

C’est un film fort – beau et émouvant -qui aura mis dix années à se construire. Un film qui impressionne autant par l’extrême soin portée à sa réalisation, refusant tout misérabilisme, que par la subtilité et la délicatesse avec laquelle il avance vers un secret dont la puissance finit par sidérer.
Au départ, il y a la photo – des enfants dans une cour d’école – et le soupçon d’un mensonge : la jeune réalisatrice Asmae El Moudir (qui se révèle avec éclat à nous) est convaincue que ce n’est pas elle sur cette une unique photo de son enfance. Alors, elle introduit sa caméra et, dans une maison où une grand-mère toute puissante a banni la moindre image, elle invente un procédé pour que les siens puissent se raconter, avec douceur et respect. De mensonge en mensonge, une histoire familiale se dévoile qui rencontre l’histoire de tout un pays : c’est vertigineux, mêlant le souffle d’une délicate autofiction au bouleversement de voir ressurgir une page terrible de l’Histoire.