Synonymes
de Nadav Lapid
Yoav, un jeune Israélien, atterrit à Paris, avec l’espoir que la France et la langue française le sauveront de la folie de son pays. La joie ressentie à l’annonce de l’Ours d’Or à Berlin est la joie d’une victoire pour le cinéma. L’excitation procurée par Synonymes est d’abord celle de retrouvailles avec un pays – notre pays -, qu’on s’habitue tristement à perdre de vue : la mise en scène. Il fallait bien un cinéaste étranger pour nous réveiller et nous secouer dans notre torpeur.
Le film est disponible en audiodescription et avec les sous-titres sourds et malentendants.
Ours d’Or au Festival de Berlin
Tarifs
plein tarif 6,50€
tarif réduit 5,50€
carte 6 entrées 30€ (soit 5€ l’entrée)
– de 18 ans 4€
Casting
Tom Mercier, Quentin Dolmaire, Louise Chevillotte
Revue de presse
“Depuis quand n’a-t-on pas vu pareil feu d’artifices? Cadre tranchant, montage jubilatoire. Chaque plan pétille et chaque scène surprend. Les acteurs sont électriques tant ils placent haut l’exigence de non-naturalisme, faisant confiance à la fois à l’idée et au corps, à un cinéma aussi physique qu’intellectuel. Tout est coupé, rythmé, martelé, tout sonne. Yoav est cette bombe qui explose, ce personnage insatiable, dégoupillé, qui ne reste pas en place ni en paix. Sa colère dépasse sa pauvreté : c’est la déception qu’aucun État ne soit à la hauteur, qu’il ne trouve sa place nulle part. Les bourgeois glissent sur son dos un manteau orange qui devient sa panoplie, un manteau trop riche pour un corps trop nu, mais le col relevé lui donne l’allure d’un Bonaparte parti à la conquête d’un pays. Il est tout à la fois: un nouveau-né et le sauveur de la France. Il est injuste, matamore, sauvage, mais il porte une exigence. Ce sont toujours les fous qui nous remettent d’aplomb.”
Stéphane Delorme, édito des Cahiers du Cinéma de mars
“En arrivant à Paris, j’avais décidé de couper tous mes liens avec Israël et les Israéliens. Je refusais de parler l’hébreu. Mon français était basique et je me suis plongé de façon obsessionnelle dans l’apprentissage de la langue. Je sentais que c’était ma seule chance de faire partie de ce pays. Comme j’avais rompu avec l’hébreu, je n’avais plus de mots, et on ne peut pas vivre sans mots. La France, c’est une chose énorme dans ma vie. Elle m’a sauvé d’un marasme, mais pour me jeter face à une porte fermée, me faire sentir la hauteur du plafond. Depuis, ce sont des relations qui bouillonnent. Il n’y a pas de remède à ce conflit.”
Nadav Lapid