War Pony

War Pony nous entraine dans une réserve de Dakota du Sud, dans les États-Unis d’aujourd’hui. Cette réserve n’a pas les allures de ce qu’on lui donne habituellement au cinéma. Pas d’habitats typiques, pas d’organisation sociétale aux rituels traditionnels omniprésents. C’est un immense quartier, que l’on pourrait nommer résidentiel, où la précarité est omniprésente. C’est aussi un espace que la société a volontairement délimité, y repoussant une population, comme à la marge. Comme en réserve d’on ne sait exactement quoi.
Là, dans cette réserve de Pine Ridge où réside la tribu Oglala Lakota, vivent Bill et Matho. Le premier a 23 ans et est déjà deux fois père d’enfants qu’il n’élève pas. Le second a 12 ans et est plus ou moins (enfin… plutôt plus que moins) livré à lui-même. Bill cherche à joindre les deux bouts, ne voulant pas tomber dans la délinquance. Matho est impatient d’être regardé comme un homme. Tous deux sont mus par le désir d’appartenir à une société qui leur est hostile. Le chemin vers l’âge adulte, à deux moments bien différents de la vie, est plus que jamais aussi celui d’une place à trouver…
War Pony nous touche par sa douceur, sa manière si belle et touchante d’être AVEC ses personnages (et on ne saurait trop louer l’extrême qualité de l’ensemble des interprètes qui vivent leurs personnages plus qu’ils ne les incarnent). Déroulant le trajet de ces deux héros en parallèle, Gina Gammell et Riley Keough trouvent continuellement la manière juste de les accompagner, sans jugements, sans discours, mais en ayant toute confiance en l’importance de ce qu’ils vivent et en leur prêtant une attention bienveillante… qui est d’emblée communicative et fait l’émotion si précieuse de ce beau film.