Parce que nos mots sont incapables d’exprimer notre douleur et notre colère, laissons la parole aux poètes.

« Muselons les fanatismes et les despotismes. Brisons les glaives valets des superstitions et les dogmes qui ont le sabre au poing. Plus de guerres, plus de massacres, plus de carnages ; libre pensée, libre échange ; fraternité. Est-ce donc si difficile, la paix ? À sa façon, et précisément parce qu’elle est horrible, la sauvagerie témoigne pour la civilisation. Ce que les atrocités mettent hors de doute, c’est qu’il faut un immense arbitrage fraternel, la démocratie en paix avec elle-même, toutes les nations sœurs. C’est là le but, c’est là le port. Ceci n’était hier que la vérité ; grâce aux bourreaux, c’est aujourd’hui l’évidence. Aux penseurs s’ajoutent les assassins. La preuve était faite par les génies, la voilà faite par les monstres. L’avenir est un dieu traîné par des tigres. »
Actes et Paroles, Paris, 29 août 1876 / VICTOR HUGO