Alonzo King LINES ballet

Danseur et chorégraphe afro-américain, Alonzo King dirige la plus grande compagnie de danse de la côte ouest des États-Unis, installée depuis sa création en 1982 à San Francisco. De renommée internationale, certaines de ses oeuvres sont au répertoire de grandes compagnies telles que le Joffrey Ballet de Chicago, le Ballet de Francfort, le Ballet royal de Suède… Pour William Forsythe, «Alonzo King est l’un des rares vrais maîtres de ballet de notre temps ». Très attaché aux bases de la danse classique, le chorégraphe crée des ponts entre tradition et modernité et développe une danse inventive, sensuelle, vibrante, avec des danseurs à la technique irréprochable. Cet ancien danseur d’Alvin Ailey développe notamment une gestuelle des bras et du corps très originale, projetant ses interprètes dans une danse sans fin et une hallucinante articulation des corps. Un classique spiralé, tourbillonnant et déhanché – sur pointes pour les filles – qui vrille le corps jusqu’au bout des doigts. De même, pour le choix des musiques de ses ballets, Alonzo King recherche des collaborations avec des compositeurs allant de la musique traditionnelle contemporaine aux musiques électroniques ou expérimentales.

Shostakovich Comme une flèche prête à prendre son envol, une sourde et inquiétante agitation imprègne la dernière pièce d’Alonzo King sur le quatuor à cordes de Shostakovich. La musique oscille dans un état de suspension cristalline, poussant les danseurs à résister à la traction jusqu’à la limite pour mieux se révéler dans un espace entre harmonie et discorde. Le chorégraphe hisse farouchement les danseuses sur pointes et les dix danseurs en mode attaque. Qu’attaquent-ils ? L’espace, la gravité, les limites physiques et, phrase par phrase, la musique, dans un flux d’énergie vivifiant.

Rasa Moins mélancolique, tout aussi physique, Rasa épouse les rythmes du tabla – percussions traditionnelles indiennes du maître Zakir Hussain. Dans une pénombre baignée de lumière, les corps s’élancent dans de formidables scènes de groupe. Les duos sont sensuels, langoureux, et parfois brutaux, donnant un caractère non dénué de violence aux rapports des danseurs. Les solos suivent. Une danseuse exécute une chorégraphie nerveuse en symbiose avec les rythmes saccadés de la musique, comme une sorte d’improvisation nocturne autour d’un feu de camp. L’ensemble est fascinant et dégage une sorte de beauté primitive fondée sur la cinématique du corps et la magie hypnotique des rythmes traditionnels de l’inde.