Les Conversations du Théâtre : Le mythe de l’abondance
Joris Mathieu – François Briens
L’abondance, ce vieux rêve qui nous gouverne ?
En écho au spectacle Cornucopia, nous accueillons le metteur en scène Joris Mathieu et le chercheur et économiste François Briens * pour cette troisième Conversation de la saison, rencontre modérée par Sabrina Rouillé.
« Imaginons un instant qu’il soit systématiquement possible de substituer une forme de capital par une autre forme de capital. Alors, par exemple, grâce au progrès technique on pourrait facilement substituer le travail humain par le travail des machines. Et en suivant le même raisonnement, on pourrait même imaginer remplacer nos ressources naturelles, par des ressources artificielles. Une théorie d’autant plus séduisante qu’elle permettrait de rendre possible l’expansion et la croissance éternelle. Quel rêve !
Et si ce n’était pas un rêve, mais un projet dans lequel nous nous sommes engagés avec conviction, depuis plusieurs siècles. Notre foi, étayée par les réussites incontestables du progrès scientifique, serait alors devenue inébranlable, au point de résister à toutes les critiques et à toutes les injonctions au changement.
« Pour croire qu’une croissance matérielle infinie est possible sur une planète finie, il faut être fou ou économiste » disait pourtant l’économiste américain Kenneth Boulding.
Alors, sommes-nous tous devenus fous ou sommes-nous tous devenus économistes ? »
Joris Mathieu
* François Briens est ingénieur et économiste. Ses travaux de recherche portent sur les liens économie-énergie-environnement, sur les limites socioéconomiques et physiques à la croissance, et sur les politiques et les trajectoires de décroissance et de post-croissance. Il est également administrateur de l’association Sciences Citoyennes, qui travaille à la réappropriation démocratique des choix scientifiques et techniques. Il travaille actuellement au sein d’une organisation internationale sur les politiques énergie-climat.
++ En partenariat avec la librairie L’Oiseau Tempête
© illustration Alice Genet