Hit The Road

Iran, de nos jours. Une famille est en route vers une destination secrète. A l’arrière de la voiture, le père arbore un plâtre, mais s’est-il vraiment cassé la jambe? La mère rit de tout mais ne se retient-elle pas de pleurer ? Leur petit garçon ne cesse de blaguer, de chanter et danser. Tous s’inquiètent du chien malade. Seul le grand frère reste silencieux.

Qu’attend-on d’un premier film, sinon qu’il réinvente chaque fois l’exploration du cinéma selon sa propre carte et son propre désir ? Du cinéma iranien, Panah Panahi aura largement repris les motifs qui ont façonné la grande oeuvre de Kiarostami : la voiture, l’enfance, le paysage. Mais en les frottant à sa propre jeunesse, en électrisant leurs contrastes, il les aura plongés dans un bain de jouvence. Hit The Road réussit l’exploit de raconter les blessures de l’exil depuis l’euphorie des mécaniques du burlesque, atteignant à la profondeur du mélodrame par le rire. Au centre du tourbillon stylistique qu’invente le film, un enfant bute sur les lois du monde adulte : il comprend petit à petit le déchirement qui l’attend. Il doit rassembler toutes ses ressources pour y faire face, criant sa rage dans le désert, reprenant à tue-tête la chanson qui consolera toutes les larmes du monde.